Etrangement différente
On le savait pourtant, puisqu'on nous l'avait dit, d'abord, et qu'on l'avait constaté, ensuite, chez d'autres, dont notre petite voisine Sydney.
Mais ça nous a pourtant pris par surprise. Au début, difficile de se faire une idée. D'abord parce qu'il s'est économisé. Le timbre était bien un peu plus fluté que d'habitude, mais dans ce filet de voix, comment détecter le changement annoncé ?
D'autant qu'il avait mal, et que rien ne ressemble plus à un gémissement qu'un autre gémissement. Même quand on le reconnait les yeux fermés.
Et puis, il faut bien se rendre à l'évidence.
La voix de Romeo a changé.
C'est lui. Et ce n'est pas lui. Ce sont ses intonations, ses inflexions de voix. Mais ce n'est pas sa voix. Un petit quelque chose d'imperceptible, qui fait douter, l'espace d'une seconde, lorsqu'il joue dans la pièce d'à côté. C'est lui, ou il a invité sans le dire un petit copain à la voix pointue ?
C'est lui.
Et, déjà, le souvenir de son ancienne voix s'estompe, comme se sont effacées de nos mémoires les petites voix d'enfant de ses aînés devenus grands.