Parenthèse Landaise et Basque
C'était une parenthèse délicieusement transgressive que ce petit voyage en terres landaises et basques. Ce temps volé à l'école et au lycée, c'était du temps gagné en bonheur, en plaisir partagé. Une petite pause dans des vies qui vont trop vite, des emplois du temps trop remplis qui ne nous laissent plus le temps de nous poser.
A laisser filer le calendrier, on prenait trop de risques. La routine du quotidien qui s'emballe, les échanges qui n'en sont plus... Le romantisme se dilue quand nos pensées ne sont plus que pour le rendez-vous des vaccins à ne pas oublier, rendez-vous qu'on a d'ailleurs pas pris, quand on se répète en boucle que le vendredi c'est piscine pour Romeo et sport pour Oscar, mais pas tous les vendredis, à moins que ce ne soit le lundi d'ailleurs, quand on a trois lessives à repasser, et l'envie ni l'un ni l'autre de s'y coller, quand les projets restent un peu trop longtemps dans les cartons à dessin. Le romantisme se noie sous les contraintes, et la fatigue épuise la patience. Ces différences qui nous attendrissaient deviennent insupportables, insurmontable. On voudrait de l'autre ce que l'on n'est plus capable d'être soi-même. Les nerfs à fleur de peau, les larmes ne sont jamais loin. Et parce qu'on ne les verse pas, elles pèsent lourd sur nos coeurs.
L'amour est là, pourtant. L'amour est toujours là, mais il se cache sous une fine couche d'agacement réciproque et de lourde fatigue qui, si on ne la secoue pas, menace d'étouffer nos émotions. La tendresse s'étiole si elle n'est pas alimentée. Les rêves aussi.
Alors on a tout "mis en courant d'air" pour secouer la poussière et on a pris la route pour aller voir de plus près si les rêves ont une réalité. On a pensé vacances, et déjà le quotidien s'est allégé. On a pensé vacances, et avant même de sentir les embruns, avant même de marcher dans le sable, on a laissé dériver nos pensées vers un ailleurs sans entraves. On a chargé la voiture, pris les couettes, la glacière et nos rêves, et on a pris la route au coeur de la nuit. On a confié nos bestioles à qui saurait s'en occuper, laissé derrière nous les problèmes d'intendance. Ensemble. En famille. Tous les 6.
C'était une parenthèse délicieusement transgressive que ce petit voyage en terres landaises et basques. Un petit voyage fait de rires et de glaces rhum-raisin, un petit voyage fait de chocolat et de balades à vélo, de jambon de pays et de châteaux de sable, un petit voyage au goût de piment d'Espelette, de grandes salades de tomates, de fromage et de vin, un petit voyage qui sentait le sel et le bon pain, un petit voyage sur les pistes cyclables des landes et les petites routes vallonnées de l'arrière-pays basque. On a traîné sur le marché de Peyrehorade, goûté aux jambons, au chocolat de Bayonne, au Pastis landais (une délicieuse brioche à la fleur d'oranger), au gâteau basque, à l'Irouleguy, à la Pitchouli, à l'Ossau-Iraty, on a regardé les enfants jouer sur le sable, on a arrêté de courir.
C'était une douce parenthèse. On en est revenu, reposés, ressourcés.
La vie est belle.